Une petite mise en bouche ?

Publié le par Cathy

Extrait de "Le Passé Recomposé"

Mitch venait de démarrer et Johanna ne voyait plus que deux petits points de lumière rouge.  Le parking était presque vide ; seules quelques voitures et motos restaient çà et là, attestant de la présence de quelques derniers fêtards dans la salle.  La jeune fille était bien embêtée.  Elle réfléchit à toute vitesse. Inutile de se mette derrière le volant, elle était incapable de conduire.  Elle regarda sa montre : trois heures trente.  Elle n’allait quand même pas réveiller ses parents à cette heure-ci pour venir la chercher !  Et elle n’avait pas d’argent pour appeler un taxi. Il fallait à tout prix que Vicky se reprenne et qu’elle conduise elle-même.  Johanna la surveillerait de très près et l’empêcherait de rouler trop vite.  Elle secoua sans ménagement son amie.

 -         Mmh … fit celle-ci émergeant de son sommeil.

 -         Vic, faut que tu conduises !

 Elle ouvrit un œil, puis le second, et demanda :

 -         On est où ?

 Ça ne présageait rien de bon pour la suite …

 -         On est à Templeuve.  Il faut que tu nous ramènes à Tournai.  Vicky, secoue-toi !

 -         Ok, ok, c’est bon, lâche-moi ou je gerbe sur tes baskets !

 Johanna l’aida à passer du côté conducteur et s’installa sur le siège passager.  Elle introduisit elle-même les clefs dans le barillet et mis le contact.

 -         Ecoute-moi Vicky, lui recommanda-t-elle.  Faut que tu roules doucement, d’accord ?  Il gèle, la route est glissante.  Tu m’écoutes ?

 -         Oui, oui … fit son amie.  Elle eut un haut-le-cœur.

 -         Tu dois vomir ? lui demanda Jo.

 -         Non, j’crois que ça va aller.  Bon, allons-y.

 Elle appuya sur l’accélérateur, mais oublia d’embrayer.  La boîte de vitesse craqua sinistrement.  Elle refit un essai en embrayant cette fois, et la voiture démarra doucement.  Johanna était tendue ; elle mit sa ceinture de sécurité et s’accrocha à la poignée de la porte, comme à l’aller, sauf que cette fois-ci il y avait de quoi s’inquiéter.  Elle surveillait les moindres faits et gestes de la conductrice, tirant parfois le volant à gauche ou à droite quand la voiture partait sur le côté.  Par chance, Vicky suivait un autre véhicule qui roulait très lentement.  Pour une fois, Johanna regrettait bien de ne pas avoir pris ses lunettes.  Elle détestait les porter, préférant vivre dans un semi brouillard plutôt que de se rendre ridicule auprès des autres.  Mais ce soir, elles lui auraient été bien utiles.

 Ça faisait un bon quart d’heure qu’elles suivaient la voiture, quand celle-ci tourna sur la droite.  Vicky en fut soulagée.

 -         Ah enfin ! dit-elle. On va pouvoir rouler sérieusement !

 Sur ce, elle appuya sur l’accélérateur.  Johanna paniqua.

 -         Vicky, ralentis s’il te plaît ; je te rappelle qu’il gèle !

 -         Et alors ?  On n’a pas glissé jusqu’à présent.  Les pneus sont neufs, on risque rien.

 -         Arrête ça Vic !  Ralentis ! insista son amie. 

 Au lieu de l’écouter, Vicky augmenta encore la vitesse, marmonnant entre ses dents :

 -         Salaud, Danny, t’es qu’un salaud … tu vas me le payer !  Je vais te le faire regretter !

 Johanna était de plus en plus mal à l’aise et se sentait totalement impuissante, à la merci de la folie passagère de sa copine.  L’habitacle fut éclairé d’un seul coup ; elle se retourna un instant afin de regarder la voiture qui les suivait et qui avait allumé ses grands phares.  Vicky râla :

 -         C’est qui cet enfoiré qui nous aveugle ?

 Quand Johanna se redressa sur son siège, face à la route, c’était trop tard.  Elle hurla de toutes ses forces, dans un ultime espoir :

 -         Attention au tournant ! Freine, freine !

 Vicky ne freina pas, mais braqua le volant à l’extrême.  Les pneus glissèrent sur une plaque de verglas, entraînant la voiture et ses occupantes dans un tourbillon.  La jeune conductrice tenta de redresser le véhicule mais son inexpérience lui fit à nouveau tourner le volant trop rapidement.  La panique et l’ivresse firent le reste : Vicky confondit les pédales et appuya de tout son poids sur l’accélérateur.  La dernière chose qu’elles virent fut un mur de pierres fonçant droit sur elles …

Publié dans ECRITS

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E
Coucou,<br /> Alors comment ça s'est passé Tournai la Plage?
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P
Rhaaaaaa! Que ça donne envie de continuer, j'allais abondamment me lécher l'index pour tourner la page et puis zut, j'ai dû lécher mon écran!<br /> Bravo, je vais l'acheter comme le premier, naturellement!<br /> Edmée
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C
Hé hé, j'ai réussi mon coup ! <br /> Merci Edmée !